jeudi 29 mars 2018

Quatre murs et un toit, Camille Anseaume



Camille Anseaume fait partie des rares auteurs dont je me procure le nouveau livre presque à l'aveugle. Qu'importe le sujet, je sais que je l'aimerai.
J'ai tellement adoré "Un tout petit rien", puis "Ta façon d'être au monde" ...

Ce livre-ci est un peu différent : Camille y parle de la maison de son enfance, que ses parents veulent mettre en vente. Elle y séjourne alors une dernière fois et nous conte ses souvenirs, pièce par pièce ...

Chaque chapitre est consacré à une pièce ou un endroit particulier de la maison : le banc de l'entrée où chacun laisse traîner quelque chose qu'il cherchera partout plus tard, le cellier et sa porte qui sert à filer en douce aux soirées interdites, la salle à manger et ses souvenirs de repas en famille, ...

En parallèle, Camille écrit son ressenti, de retour dans cette maison : les odeurs qui l'assaillent, le plancher qui craque, les fantômes du passé, et cette angoisse à l'idée de la vente.



 Le livre est court et se dévore très vite, comme un bonbon à la saveur de l'enfance. J'ai adoré la construction pièce par pièce, la nostalgie douce qui se dégage des souvenirs de Camille.

Les parents qui s'engueulent, les disputes dans la fratrie, les premières sorties, le béguin pour le copain de son frère, l'odeur des foulards de sa mère, on a tous cela dans nos mémoires.

L'écriture, la magie de l'écriture douce et belle de Camille Anseaume, que j'aime tant, est toujours là. Le livre est trop court, c'est mon seul reproche : arrivée (trop vite) à la dernière page, je voulais continuer à arpenter cette maison, que je connaissais dès lors un petit peu, et que Camille me chuchote encore et encore des secrets, des touts petits riens, mais qui construisent un enfant, comme autant de galets semés ici et là, et qui traceront sa route jusqu'à l'âge adulte.

Une très jolie lecture, touchante et nostalgique, que je vous recommande chaudement !

Vous pouvez aussi retrouver une mini interview de Camille Anseaume sur ses habitudes de lecture, ici !

Un tout grand merci aux éditions Calmann Lévy !

"Quatre murs et un toit", Camille Anseaume, Calmann Lévy, 2018, 162 p.


mardi 27 mars 2018

Un peu, beaucoup, à la folie - Liane Moriarty




"Trois couples épanouis. De charmants enfants. Une amitié solide. Et un barbecue entre voisins par un beau dimanche ensoleillé : tous les ingrédients sont réunis pour passer un bon moment. Alors, pourquoi, deux mois plus tard, les invités ne cessent-ils de se répéter : « si seulement nous n'y étions pas allés » ?"


Ayant adoré et dévoré les deux romans précédents de Liane Moriarty, je me suis jetée sur son dernier-né avec enthousiasme et la quasi certitude de passer un excellent moment de lecture "détente".
Et ce fut le cas, même si j'ai quelques réserves que je n'avais pas pour les premiers titres de l'auteur ...


Agacement n°1 : ok, la construction est exactement la même que pour ses autres romans. Chaque personnage a droit à son chapitre, en alternance, pour nous raconter ce fameux barbecue, au ralenti ...


Agacement n°2 : c'est leeeeeent ! Mais où veut-elle en venir ? Que s'est-il passé de si terrible ? Pourquoi ne le sait-on toujours pas à la moitié du livre ??? Accouuuuuuuuche (on se calme).


Agacement n°3
: cette manie de finir un chapitre sur la sensation qu'on va enfin savoir .... mais non, il faudra (peut-être) attendre le prochain.


J'ai l'air de beaucoup râler, mais une fois arrivée donc à la moitié de l'intrigue, l'histoire a pu avancer un peu, et s'est révélée passionnante. Les personnages, bien qu'assez caricaturaux, gagnent en épaisseur selon leurs réactions face au fameux incident, et le lecteur peut un peu plus s'y attacher.


J'ai fini par dévorer le livre, enfin soulagée de mes agacements, avec le plaisir den bon roman pour se vider la tête, mais en étant tout de même contente de ne pas avoir déboursé 22.90 € pour l'acheter (vive le métier de bibliothécaire !).


Je le conseille donc comme lecture de vacances, c'est distrayant et bien ficelé, mais à choisir, préférez nettement "Le secret du mari" ou "Petits secrets , grands mensonges", où je me suis régalée du début à la fin, sans agacement aucun (et ils sont en poche, que demande le peuple ?).





"Un peu, beaucoup, à la folie" (Truly, madly, guilty), Liane Moriarty, Albin Michel, 519 p.


mardi 20 mars 2018

Une longue impatience, Gaëlle Josse




"Depuis, ce sont des jours blancs. des jours d'attente et de peur, des jours de vie suspendue"


Un soir d'avril 1950, Louis, 16 ans, ne rentre pas à la maison. Anne, sa mère, l'attend, s'inquiète, espère, et les jours puis les mois passent. Anne, au bord de la folie, n'est plus qu'une ombre, une silhouette pour ses deux autres enfants et Etienne, son mari. Anne se tient droite sur la falaise, le regard fixé sur la mer, guettant un bateau qui lui ramènera son fils. Elle écrit des lettres à Louis, décrivant la fête et les festins qui accompagneront son retour. Mais Louis ne donne aucune nouvelle et Anne, peu à peu, dépérit.


C'est mon premier livre de Gaëlle Josse, et ce ne sera pas le dernier.
Quel roman, quelle claque littéraire, et quelle écriture ...
Anne est un personnage de femme magnifique, une héroïne bouleversante. Son attente la dévore à petit feu, l'inquiétude la ronge, elle ne vit que d'espoir. Le lecteur est tout entier à ses côtés, sur cette falaise battue par les vents, les yeux plissés qui brûlent à force de fixer l'horizon vide. On est immergé dans la vie de ce petit village français au lendemain de la guerre, avec ses ragots, les regards en biais sur "la veuve", celle qui a perdu un mari en mer et dont le fils est parti, celle qui s'est remariée avec le plus beau parti, celle qui vit dans la belle maison et qui est "à peine aimable".

Peu à peu, l'espoir du lecteur, comme celui d'Anne, s'amenuise, et la tristesse envahit tout. Le roman, déjà pas fort gai, devient tragique : Anne est une figure de tragédie, la mère éplorée, sacrifiée, détruite par l'absence et l'égoïsme des hommes.

Car oui, même si j'ai été en empathie totale avec elle, je me suis sentie en colère après ce Louis ingrat, qui laisse sa mère sans un mot, sans nouvelles, sans même lui signifier qu'il va bien. C'est incroyablement dur et égoïste : partir, oui, mais ça lui coûtait quoi, de rassurer sa mère ?

Voilà que je m'emballe. Pour tout vous avouer, j'ai terminé ce roman en pleurant à chaudes larmes, sans pouvoir m'arrêter, bouleversée par l'histoire, par le sublime portrait de femme et d'amour maternel que je venais de lire, mais aussi par l'écriture, si belle, si poétique. J'ai corné des pages et des pages, j'ai savouré les mots, le rythme du texte, j'ai pensé "voilà, voilà, la Littérature avec un grand L".

J'ai adoré.

Encore un mot sur l'édition en elle-même : la couverture parfaite et le papier blanc cassé, doux et lisse, épais, que l'on caresse en savourant la beauté et la qualité des pages.

Un coup de coeur, un coup au coeur, que l'histoire d'Anne ...


"Une longue impatience", Gaëlle Josse, éditions Noir sur blanc, 2018, 190 pages


lundi 12 mars 2018

La première fois qu'on m'a embrassée je suis morte, Colleen Oakley




Depuis toute petite, Jubilee Jenkins souffre d'allergie au contact humain. Rien que la toucher peut l'envoyer à l’hôpital. D'ailleurs, le premier garçon qui l'a embrassée a failli la tuer ... Jubilee passe donc neuf ans (neuf ans !) enfermée chez elle, à tout commander en ligne. Mais à la mort de sa mère, elle se voit obligée de trouver un travail, et ce sera à la bibliothèque, où elle rencontre Eric, divorcé, accompagné de son fils adoptif, Aja, un petit génie perturbé par la mort de ses parents.


On dirait bien que je prends goût aux romances ! Après "Les yeux de Sophie", de Jojo Moyes, et "Avant toi", que je suis en train de dévorer, j'ai craqué pour ce livre et j'ai bien fait, car c'est un coup de coeur !

Les chapitres sont découpés entre le point de vue de Jubilee (que je l'aime !), Eric et des extraits d'article sur Jubilee et "son cas", depuis son enfance. Jubilee est extrêmement attachante, comme l'était une Eléonor Oliphant. Pleine d'humour malgré elle, les situations où elle sort de sa maison et se confronte au monde sont souvent hilarantes. Son travail de bibliothécaire la met face à des gamins pour une heure du conte (j'ai ri ! mais j'ai ri !), elle retrouve une copine d’adolescence qui la prend sous son aile (mais pourquoi donc, ah ah), ses collègues sont attachants, ...

La description de la maladie de Jubilee et de ses conséquences est fascinante : la petite fille privée du contact réconfortant de sa mère, qui la laissera tomber pour filer à l'autre bout du pays juste après l'incident du baiser ... sa peur du moindre frôlement et le handicap que cette maladie représente dans sa vie quotidienne, ...

Eric et Aja sont très attachants aussi : divorcé, Eric a une ado qui ne lui adresse plus la parole, et a adopté le fils de ses meilleurs amis, décédés dans un crash d'avion. Perturbé par ce deuil, Aja se rapproche de Jubilee, qui le fascine.

Nous avons donc un drôle de trio, des situations cocasses, une histoire d'amour (forcément) contrariée par une maladie extrêmement bizarre, le tout servi avec humour dans une bibliothèque (certaines situations m'ont bien fait rire, en tant que bibliothécaire), bref, un roman ouvertement feel-good qui remplit très bien son job, je me suis régalée avec cette lecture. J'ai eu un coup de coeur pour l'histoire, pour Jubilee, et pour l'écriture de Colleen Oakley.

Si vous avez envie d'une lecture réconfortante, foncez sur ce roman (et la couverture est magnifique, ce qui ne gâche rien).


"La première fois qu'on m'a embrassée, je suis morte", Colleen Oakley, Milady, 503 p., 2018



mardi 6 mars 2018

La chambre des merveilles, Julien Sandrel



Un samedi matin, Louis, douze ans, percute un camion de plein fouet sous les yeux de sa mère. Thelma, toujours vissée à son portable même le week-end, accro aux boulot, pressée, stressée, n'a pas écouté son fils qui voulait lui confier ses premiers émois amoureux. Et maintenant, Louis est dans le coma ... les jours passent, les médecins donnent à Thelma une date, date à laquelle ils débrancheront son fils. Ravagée par le chagrin, Thelma découvre sous le lit de Louis son "carnet des merveilles", toutes les choses qu'il rêve d'accomplir "avant de mourir" et décide, pour aider son fils à se battre pour vivre, de réaliser chaque merveille du carnet ...

Le résumé de ce roman, qui sortira demain, m'a tout de suite follement attirée.  Le bandeau rouge accompagnant le livre annonce un "coup de coeur éditorial dans le monde entier", avant même sa sortie, et m'a encore plus alléchée.

J'ai lu ce roman avec plaisir en deux petits jours, pressée d'en connaître la fin, et ce fut une lecture agréable, sans être un coup de coeur. Louis, dans son coma, entend sa mère, s'étonne de son audace à réaliser ses merveilles, du haut de ses 40 balais, lui qui a des rêves d'ado (mention spéciale à la rencontre avec Maître Gims ...).

Les personnages secondaires sont attachants également, que ce soit l'infirmière attentive, l'amie de Louis, ou son papa (là j'ai craint l'histoire d'amour bateau, et regretté quelques très grosses ficelles, mais l'auteur s'en tire bien au final).

Un bon moment de lecture donc, mais il m'a manqué de la profondeur dans l'écriture, je m'attendais peut-être à beaucoup, grâce au bandeau qui promettait un gros coup de coeur ... Je n'ai pas été emportée comme je l'aurais voulu ... mais je lis beaucoup de critiques extrêmement positives sur ce roman, qui est certainement promis à un grand succès. 


"La chambre des merveilles", Julien Sandrel, Calmann-Levy, sortie le 07 mars 2018

Je remercie les éditions Calmann-Levy, pour cette lecture !